Fotokino

Vernissage le samedi 10 mai 2025 à partir de 11h
Exposition en entrée libre du mardi au samedi de 14h à 18h30
Rencontre avec les artistes le samedi 10 mai à 18h30

Depuis quelques années, le textile à base de fibres naturelles séduit un nombre croissant de créateur·ices, souhaitant ancrer leurs projets dans des territoires spécifiques et valoriser les ressources locales. L’exposition « Le Champ des possibles » rassemble une sélection de pièces de cinq d’entre eux, donnant un aperçu d’une pratique qui échappe aux étiquettes, située au croisement des arts visuels et du design.
C’est le cas d'Inès Bressand, designeuse, et Rémi Marilleau, artisan textile, qui se sont emparés de la laine et du coton pour mener une recherche autour de la matelasserie lors d’une résidence à la Fondation Martell, à Cognac. Pendant deux mois, ils ont pu explorer la technique du capitonnage, employée pour fabriquer des articles de literie et permettant de contraindre la matière. Leurs pièces dialogueront avec les œuvres des plasticiennes Elise Peroi et Jeanne Tresvaux du Fraval, qui, chacune à leur façon, réinterprètent les usages et savoir-faire ancestraux. La première utilise la tapisserie pour créer des architectures aériennes en fils et en bois, telle que « Vent dominant » installée dans l'espace principal, version tissée d’une cabane de gardian. La deuxième interroge les formes et fonctions des objets du quotidien, comme les vêtements des métiers traditionnels de Provence dont elle a imaginé de nouvelles versions. Le vêtement (mais pas seulement) est aussi au cœur de la pratique d’Harumi Sugiura, artisane textile, qui se consacre depuis plus de dix ans à l’art du plissage sur tissu et à la teinture végétale, donnant lieu à des étoffes singulières aux allures d’origamis souples.
Cet ensemble de recherches et de productions, brouillant les frontières entre artisanat et création contemporaine, sera à découvrir au Studio, comme une balade dans le champ des possibilités offertes par la réappropriation des matières naturelles et le détournement des techniques qui leur sont associées.

Dans sa pratique, Inès Bressand s’intéresse aux matières pauvres et ordinaires, qu’elle transforme par des procédés manuels ne nécessitant que peu d’outils. Par la recherche et le prototypage, elle ancre ces savoir-faire dans un dialogue fertile avec l’artisan·ne, afin de créer des objets, des meubles ou des accessoires. De son côté, Rémi Marilleau est un artisan tapissier spécialisé dans le textile dans l’habitat, collaborant régulièrement avec des architectes sur différents projets. Les deux Marseillais ont conjugué leur expertise respective lors d’une résidence à la Fondation Martell, avec le projet d’élargir les domaines d’application de la matelasserie pour élaborer de nouveaux volumes. Un ensemble de ces réalisations singulières, entre sculpture et artisanat, prendra place au Studio après une micro-résidence organisée en amont, qui leur aura permis de produire une pièce participative invitant les visiteurs à s’initier à la technique du capitonnage.

Elise Peroi, plasticienne, vit et travaille entre Bruxelles et Arles. Ayant longtemps hésité entre la peinture et le tissage, elle a trouvé une forme qui allie les deux : elle peint d’abord sur soie, puis découpe sa peinture en fine lanières qu’elle retisse ensuite en jouant des plans et des déplacements. Ses jardins-textiles jouent ainsi avec les textures et la transparence, comme sculptés de pleins et de vides. Récemment en résidence croisée aux Ateliers de la Madeleine et à la Fondation Thalie à Arles, elle y a développé un projet intitulé « Nouer une cabane », inspiré des maisons de gardians en Camargue. Pensée comme une architecture nomade, cette production constitue un prolongement de sa pratique qui réunit les techniques ancestrales de la tapisserie aux notions d’espace, de paysage et d’habitat.

Designer textile, teinturière et plisseuse, Harumi Sugiura explore les techniques de plissage occidental qu’elle associe aux pliages japonais afin de produire des matières uniques, toutes teintées uniquement en couleurs naturelles. Selon elle, les plis confèrent une force élastique aux tissus et expriment une mémoire de formes à la fois marquées et éphémères, à l’image du mode de vie japonais. Les textiles qu’elle plisse sont ensuite utilisés pour la réalisation de projets conçus par des designers, architectes d'intérieur, stylistes ou artistes plasticiens. Elle présente au Studio Fotokino une sélection de pièces en laine, soie ou rami, aux côtés d’exemples de métiers à plisser, permettent de mieux comprendre le processus.

Jeanne Tresvaux du Fraval, également plasticienne, se concentre sur l’exploration des choses du quotidien, de manière à en déconstruire les formes et les usages. À l’occasion d’une résidence aux Ateliers de la Madeleine et à la Fondation Thalie - en même temps qu’Elise Peroi - elle s’est intéressée aux objets et aux vêtements de métiers traditionnels provençaux. Réinterprétant ces derniers à plusieurs mains avec des artisanes et artisans complices et les ressources du territoire, elle a créé « Un Étalage ordinaire », une installation pensée comme une collection d’usages, déployée sur les murs du Studio. Chaque pièce s’assemble, se superpose, se plie, tel un jeu de construction. L'inventaire de formes est réalisé à partir de matériaux naturellement éphémères, employés pour leurs qualités naturelles : la laine régule la température, la terre conserve, la cire imperméabilise…