Première exposition monographique en France de l’artiste néerlandaise Ruth van Beek, « The Oldest Thing » met en espace les images qui composent le livre du même nom, paru l’an dernier, ainsi qu’une sélection d’objets et publications antérieures – notamment la série « The Spell » – dialoguant dans l’espace d’exposition.
Depuis de nombreuses années, Ruth van Beek construit une importante archive composée de coupures de journaux, d’albums photos, de fragments de magazines ou de manuels scolaires, dans laquelle elle vient puiser une matière à réinvestir par le découpage, le collage et la peinture. Ce corpus en perpétuelle mutation reflète une fascination pour la représentation de la vie quotidienne et de l’espace domestique dans les années 1950 et 1960. Au travers de cet imaginaire, elle explore les relations inattendues entre les images et interroge la frontière entre le familier et l’étrange, le banal et l’irréel. Entre les mains de Ruth van Beek, ces images d’un passé figé subissent un processus de déconstruction dont émergent des formes ambigües et polysémiques.
Dans « The Oldest Thing », elle se penche de nouveau sur ce fond iconographique et remonte le fil de son univers personnel, jusqu’aux classeurs de recettes de cuisine hérités de sa mère, mêlant à ses recherches formelles des sujets plus intimes liés à l’enfance. En jouant des échelles de temps et d’espace avec malice, ces images activent alors notre regard et notre propre inconscient.
« Ma mère m'a laissé trois classeurs contenant des recettes soigneusement copiées et des photos collées. Je n'ai jamais réalisé aucune de ces recettes. Je les ai gardés pour d'autres raisons. C'est le soin qui m'émeut, l'index, l'écriture régulière, les pages décolorées. Qu'est-ce qu'une mère laisse derrière elle ? Comment ajoutez-vous de la valeur aux activités quotidiennes d'un ménage ? » Ruth van Beek
